Lorsque la politique d’ordre de retour a été entérinée, le transport est devenu l’enjeu
suivant. Les seuls ports ouverts étaient ceux de Halifax et de St John, mais
leur efficacité opérationnelle était compromise par la grippe espagnole.
Halifax était également alors en cours de reconstruction après l’explosion de
la ville l’année précédente. L’adéquation des navires avec les besoins du
transport et la capacité réduite des chemins de fer ont également engendré des
difficultés et des retards pour le retour au pays des soldats.
Il était indispensable de garder les soldats occupés durant la période d’attente.
Les hommes se sont rapidement ennuyés et se sont irrités de l’attente. Les
sports, la chasse et les représentations théâtrales constituaient des manières
de passer le temps pour les hommes en attendant leur retour au pays. L’Université
Khaki, créée en 1917 afin d’offrir un enseignement d’introduction
universitaire, a développé son programme de formation. Les cours ont été suivis
par 50 000 Canadiens durant leur temps libre. En dépit de ces efforts
pour tenir les soldats occupés, de nombreuses plaintes ont été reçues au sujet
de l’alcoolisation et des comportements dissipés des Canadiens.
Avant d’embarquer sur les navires, les soldats étaient été officiellement démobilisés.
Ils avaient rempli 13 formulaires et subi une batterie d’examens médicaux et
dentaires afin de déterminer leur admissibilité à des pensions d’invalidité. La
plupart des soldats du corps sont retournés chez eux au printemps 1919,
les derniers d’entre eux arrivant finalement en août 1919. Une fois de retour au Canada, ils ont mis fin à leur carrière militaire au poste de
libération, où ils ont reçu leur dernière solde, leur insigne de service de
guerre ainsi qu’un certificat de mobilisation avant de rentrer chez eux.
Il existait des systèmes de soutien gouvernementaux et publics pour les soldats de
retour chez eux. En 1918, le gouvernement canadien a créé le ministère du
Rétablissement civil des soldats afin d’offrir des soins de santé et des
pensions aux anciens combattants. Ce ministère avait pour objectif d’aider les
soldats à se réinsérer adéquatement dans la société canadienne et à subvenir à
leurs besoins. De nombreux hommes ont subi des blessures telles qu’ils n’ont
pas pu retravailler par la suite. De surcroît, un grand nombre de soldats se
sont vu refuser une pension et des avantages bien mérités du fait de politiques
administratives floues et d’un manque de formation concernant la santé mentale
et les maladies chroniques de la part du Ministère.