L’EXPLOSION DE HALIFAX
Le matin du 6 décembre 1917, le cargo français SS Mont-Blanc entre en collision avec le navire de secours belge SS Imo à cause d’une grave erreur de communication au port de Halifax. Aux yeux de la plupart des passants, le feu qui se déclare
sur le pont du Mont-Blanc semble aisément maîtrisable; ce que beaucoup ignorent, c’est que le navire est chargé de plus de 2 500 tonnes d’explosifs. Alors que le navire abandonné par l’équipage flambe, les gens se massent sur le front de mer de Halifax,
affluent devant les vitrines des magasins pour regarder les efforts de sauvetage. Même lorsque la carcasse en flammes du Mont-Blanc dérive vers le quai 6, sous les déflagrations irrégulières des obus d’artillerie, bien peu comprennent la menace imminente
et peuvent prédire la tragédie dévastatrice qui s’ensuivra.
Un peu avant 9 h 05, le Mont-Blanc explose. La force de la déflagration rase d’énormes portions de la ville; l’onde de choc se répercute quelque 400 kilomètres plus loin, jusqu’à Sydney (Cap-Breton). Le ciel se couvre de suie et d’éclats d’obus; des immeubles
entiers de la ville sont pulvérisés. Des tas de décombres s’entassent partout; des incendies brûlent des bâtiments en ruine dans toute la ville. Toutefois, l’ampleur de la tragédie humaine se révélera dans les heures et les jours qui suivent l’explosion
du navire. Près de 2 000 personnes meurent sur le coup et 9 000 autres sont blessées, un grand nombre d’entre elles perdent la vue ou sont mutilées à cause des éclats de vitre. Des milliers d’autres se retrouvent dans la rue.
Le personnel d’urgence et militaire, ainsi que les volontaires civils travaillent sans relâche pour secourir les victimes, éteindre les incendies, soigner les blessés et transporter les cadavres. Des trains en provenance des Maritimes, du centre du Canada
et de la Nouvelle-Angleterre sont rapidement dépêchés pour porter secours. Chaque année, depuis cet événement fatidique, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse envoie un énorme arbre de Noël à Boston en reconnaissance de l’assistance que cette ville portuaire
jumelle lui a apportée.
Les zones de Halifax dévastées par l’explosion sont peu à peu reconstruites. Le souvenir de la catastrophe continue toutefois de hanter la mémoire collective. Aucun autre événement du temps de la guerre n’a jeté l’épouvante sur le front intérieur canadien
de façon aussi dévastatrice que l’explosion de Halifax.