Le premier ministre William Lyon Mackenzie King avait promis que seuls des volontaires serviraient outre-mer. Il ne voulait pas une répétition de la crise nationale subie en 1917-1918 après l’imposition de la conscription. L’armée de 4 500 hommes, augmentée de 51 000 réservistes partiellement entraînés, ne possédait pratiquement aucun équipement moderne. L’aviation disposait de moins de 20 avions de combat modernes, et la marine d’à peine six destroyers – la plus petite classe de navires de guerre océaniques. C’était un début modeste, mais les forces armées connaissaient une croissance rapide. En septembre 1939 seulement, plus de 58 000 Canadiens s’étaient enrôlés, témoignant du désir répandu d’aider la Grande-Bretagne et la France dans leur lutte contre les nazis. S’il est vrai que certaines recrues, sans emploi, se sont enrôlées pour des raisons économiques, de nombreux Canadiens ont quitté de rares emplois pour rallier les troupes.
En décembre, les troupes de la 1re Division canadienne sont en route vers la Grande-Bretagne pour y suivre un entraînement avancé; graduellement, les forces armées s’organisent et se mobilisent. En février 1940, seuls 23 000 soldats arrivent aux côtés de quelques unités des forces aériennes. Critiqué par la presse et la classe politique pour sa réaction léthargique, le gouvernement de Mackenzie King mène une politique de « responsabilité limitée ». Cette politique vise à minimiser dans l’immédiat l’engagement des troupes canadiennes. En évitant d’essuyer de lourdes pertes humaines, le premier ministre espère remettre à plus tard la conscription, sujet de division au sein du pays. D’ailleurs, il est question de la « drôle de guerre ». C’est le nom donné à cette période caractérisée par l’absence de combat terrestre en Europe occidentale entre les Allemands et les Alliés. Personne ne voit alors l’urgence de faire grossir l’armée. Au lieu de cela, conformément à l’idée d’une « responsabilité limitée », le Canada organise le Programme d’entraînement aérien du Commonwealth britannique (PEACB) pour former des dizaines de milliers de membres d’équipage, la plupart canadiens, pour les forces aériennes du Commonwealth. Véritable tour de force nécessitant la gestion de dizaines de milliers de membres de l’armée de l’air, le PEACB représente l’une des plus importantes contributions militaires du Canada à l’effort de guerre des Alliés.