LA GUERRE QUI DEVAIT METTRE FIN À TOUTES LES GUERRES?
De nombreuses personnes espéraient que la Première Guerre mondiale serait « la der des der », après laquelle il n’y aurait plus de guerre. Cet espoir, avec pour toile de fond des troubles économiques et des restrictions budgétaires, a incité le Canada
à se démobiliser presque entièrement en 1919 et à réduire ses forces à moins de 5 000 militaires à temps plein. Pendant un certain temps, la Marine royale du Canada ne compta que deux navires océaniques, tandis que l’Aviation royale du Canada, créée
en 1924, s’acquittait de tâches surtout civiles telles que la cartographie aérienne et la protection des forêts. On ne disposait guère d’argent, et encore moins d’équipement, pour les réservistes à temps partiel. Durant la Grande Dépression (ou la Crise
de 1929), les Canadiens s’inquiétaient davantage de leurs emplois et de leurs familles que de l’état des forces armées. Sans ennemis évidents, pourquoi réserver aux militaires des ressources trop rares?
Cependant, au milieu des années 1930, le gouvernement a lentement commencé à moderniser et à rééquiper les forces armées. La défense des côtes et du territoire appartenant au Canada était sa priorité, mais il a permis que les forces canadiennes soient
à la disposition de la Grande-Bretagne pour l’aider dans l’éventualité d’une guerre majeure. Rien n’avait pourtant été promis. Quand le premier ministre King a été reconduit au pouvoir en octobre 1935, il s’est activé à la mise en œuvre d’une politique
de réarmement prudente, qui favorisait les forces navales et aériennes. Si une guerre devait éclater, il voulait s’assurer de l’unité nationale en évitant la conscription. Une grosse armée pourrait subir de lourdes pertes, imposant le recours à la conscription,
et il s’opposait à l’idée d’un immense corps expéditionnaire.
Adolf Hitler et le Parti nazi ont accédé au pouvoir en Allemagne en 1933, et ils n’ont pas tardé à établir une dictature sans merci. L’Allemagne s’est emparée de l’Autriche en 1938 et a occupé la Tchécoslovaquie en 1938-1939. L’Italie, une autre dictature,
a attaqué l’Abyssinie (l’Éthiopie) en 1935, puis occupé l’Albanie en 1939. Après avoir envahi la Mandchourie en 1931, le Japon a attaqué la Chine en 1937. La Grande-Bretagne et la France ont apaisé ces régimes cruels dans l’espoir d’éviter une autre
guerre mondiale dévastatrice – une politique qu’approuvaient la plupart des Canadiens. En 1937, le gouvernement canadien avait plus ou moins accepté que si la Grande-Bretagne entrait en guerre, le Canada le ferait aussi. King avait été clair dans ses
déclarations à cet égard à la Chambre des communes, en mars 1939.
L’agression militaire nazie a directement mené à la Seconde Guerre mondiale. En août 1939, l’Allemagne a insisté pour que la Pologne lui cède des territoires. Abandonnant finalement leur politique d’« apaisement », la Grande-Bretagne et la France ont
décidé d’aider les Polonais et d’arrêter Hitler. Le 1er septembre 1939, l’Allemagne envahissait la Pologne et, deux jours plus tard, la Grande-Bretagne et la France déclaraient la guerre à l’Allemagne. La Seconde Guerre mondiale venait de
commencer.