Prévu
en juillet 1942, le raid, désigné initialement sous le nom de code
« opération RUTTER », est annulé en raison du mauvais temps. Le mois
suivant, l’opération JUBILEE, nouveau nom du raid, est lancée. Près de
5 000 soldats canadiens y participent, la majorité provenant des 4e
et 6e brigades de la 2e division ainsi que du
14e régiment blindé (Calgary Regiment), lequel utilisait les nouveaux
chars d’infanterie Churchill. Ces hommes devaient débarquer à
trois endroits : à Dieppe, le site principal (plages blanche et
rouge); sur le flanc est du petit village balnéaire de Puys
(plage bleue); sur le flanc ouest, à Pourville (plage verte).
Les chars d’assaut devaient débarquer à Dieppe. Plus loin, le long de la côte,
environ 1 000 commandos britanniques attaqueraient à l’ouest, à
Varengeville, et à l’est, à Berneval, pour détruire les sites d’artillerie
côtiers. Tout le succès du raid préparé à la sauvette reposait sur l’effet de
surprise des Allemands. Les débarquements avant l’aube aux cinq endroits
devaient être chronométrés à la perfection pour attaquer par surprise sans que
l’ennemi soit alerté.
Malheureusement,
le plan échoue et les débarquements à Dieppe et à Puys se révèlent désastreux.
Les troupes se retrouvent clouées sur les plages de galets par le feu écrasant
des mortiers et des mitrailleuses de l’artillerie allemande. Elles sont la
cible des rafales de tirs de fusils provenant du haut des falaises qui
surplombent les zones de débarquement et des bâtiments fortifiés situés au-delà
de la digue. Les défenses allemandes seraient pratiquement intactes s’il n’y
avait pas eu l’utilisation par les Alliés de bombardiers lourds ou de l’artillerie
navale de gros calibre. Les plages se transforment en pièges mortels; en
quelques heures, des centaines de Canadiens sont blessés ou périssent en vain. Malgré
l’héroïsme hors du commun déployé par plusieurs Canadiens, peu d’entre eux
parviennent à s’introduire dans la ville de Dieppe; encore une fois, ceux qui
réussissent se retrouvent les mains liées. La réussite mitigée à Pourville est
gâchée par l’arrivée de renforts allemands qui infligent de lourdes pertes aux
Canadiens qui s’apprêtent à rembarquer. L’agonie perdure jusque vers
14 heures, moment où l’ultime péniche de débarquement ramène vers les
navires au large les survivants du carnage. Le pourcentage de victimes s’élève
à plus de 60 % : 907 Canadiens sont tués au combat ou succombent
à leurs blessures. De plus, 1 946 hommes sont faits prisonniers,
plusieurs d’entre eux étant blessés.
L’opération
JUBILEE s’avère un échec. Les « leçons » tirées du raid ont été
débattues au fil des ans; toutefois, la plupart des spécialistes conviennent
que la planification du raid a été déficiente. Quoi qu’il en soit, les
pertes massives subies à Dieppe ont bouleversé le Canada et endeuillé des
familles partout au pays.