UN PÈLERINAGE CANADIEN
La Légion canadienne, en collaboration avec les gouvernements canadien, français et britannique, a organisé un pèlerinage officiel afin d’inaugurer publiquement le monument. La délégation comprenait des anciens combattants canadiens, quelques proches
et des représentants officiels de la Légion, du gouvernement canadien et de l’armée. Le 16 juillet 1936, après des adieux enthousiastes et chargés d'émotion sur le quai, cinq paquebots de ligne ont appareillé depuis Montréal, escortés de manière
cérémonielle par un contre-torpilleur de la Marine royale du Canada, le NCSM Saguenay. À bord se trouvaient environ 6 200 pèlerins canadiens venus de tout le pays et des États-Unis, arborant les bérets, médailles et épinglettes caractéristiques
de Vimy. Le 25 juillet, les navires ont accosté au Havre et à Anvers, et les Canadiens se sont pieusement dirigés vers Vimy. D'autres pèlerins de la Grande-Bretagne, au nombre d'environ 1 300, les ont rejoints.
Le mémorial a été inauguré le dimanche 26 juillet 1936 lors d’une cérémonie grandiose en présence du roi Édouard VIII. Alors prince de Galles, le roi avait servi au sein du corps canadien en 1919 et en 1927. Il a salué avec enthousiasme
de nombreux pèlerins canadiens qu’il connaissait personnellement. Sa présence a insufflé une vitalité particulière à l’événement, confirmant la grande importance que revêtait ce mémorial pour le Canada. Les estimations varient, mais pas moins de 50 000
personnes étaient présentes, la plupart étant des citoyens français désireux d'exprimer leur gratitude. D’autres dignitaires canadiens étaient présents, notamment le ministre de la Justice Ernest Lapointe et le ministre des Pensions et de la Santé
nationale Charles G. Power, lui-même un ancien combattant décoré. Sir Robert Borden, premier ministre durant la guerre, et le président français Albert Le Brun assistaient également à l’événement.
La plupart des discours, notamment ceux du roi, du président français ainsi que des ministres et ecclésiastiques canadiens, ont exprimé le besoin de paix et de réconciliation, un appel rendu particulièrement urgent par l’escalade des tensions dans toute
l’Europe en arrière-plan. Walter Allward lui-même a indiqué que le superbe monument « donne quelque chose de magnifique à la France, est digne des hommes qui ont sacrifié leur vie pour elle et, en tant que protestation pacifique contre la futilité
des combats, fait regretter aux hommes que l’humanité doive entrer en guerre ».