QU’EST-CE QU’UN « OBJECTEUR » ?
Tant dans la Première que dans la Seconde Guerre mondiale, on attendait des jeunes hommes de toutes les régions du Canada qu’ils servent dans l’armée et aillent combattre outre-mer. Même si les efforts du Canada dans les deux guerres ont commencé comme
une entreprise totalement volontaire, le niveau élevé des pertes subies par ceux combattant à l’étranger a nécessité l’imposition de la conscription dans les deux guerres. Mais qu’en est-il de ceux qui croyaient, pour des motifs religieux, spirituels
ou personnels, que combattre dans la guerre était immoral? Les objecteurs de conscience (ou « conchies » pour « conscientious objectors » en anglais) à l’endroit de la guerre et de la violence existent depuis des milliers d’années, souvent
victimes de persécutions et de violence pour leurs croyances.
Au Canada, les objecteurs de conscience sont officiellement reconnus sous une forme ou une autre depuis 1793. Leur motif le plus courant résidait en des croyances religieuses. Nombre de sectes religieuses, surtout les mennonites, les quakers et les adventistes
du septième jour, ont demandé et obtenu la reconnaissance officielle du gouvernement en tant qu’objecteurs de conscience, les exemptant ainsi du service militaire.
PREMIÈRE GUERRE MONDIALE
En 1917, la Loi du Service Militaire instaurait la conscription au Canada. Elle comportait des exemptions pour les objecteurs de conscience, mais chaque homme était obligé de faire valoir son cas devant un tribunal local. Même si de nombreuses
sectes pacifiques étaient reconnues officiellement par le gouvernement, quelques-uns de leurs membres avaient encore de la difficulté à prouver leur droit d’objecteur devant le tribunal. Ceux qui s’opposaient à combattre, mais qui n’appartenaient à aucune
secte reconnue avaient beaucoup plus de difficulté à convaincre les tribunaux, qui considéraient souvent l’objection de conscience comme un acte de lâcheté. Si une personne refusait encore de servir malgré le rejet de ses allégations, elle devait subir
un procès devant un tribunal militaire et, tôt ou tard, être emprisonnée. Plus de 100 personnes étaient dans cette situation et toujours derrière les barreaux en janvier 1919.