Transcription (traduction) de la lettre entière.
Le 23 octobre 1916
Depuis le camp Caesers, Shorncliffe, Angleterre
Cher papa,
Je présume que c’est ma soirée pour écrire mes lettres à la maison. Je reçois mon courrier assez régulièrement, soit le dimanche ou le mardi en général. Tu m’écris toujours régulièrement. J’ai bien reçu la boite de chocolats. Merci beaucoup. Ils sont
vraiment bons.
La météo est assez fraîche par ici. Les tentes deviennent plutôt inconfortables, surtout par temps pluvieux. Nous avons eu deux ou trois beaux matins, tout comme lorsque je pars en direction du bois à [mot inconnu] à la maison. Le réveille-matin
sonne à 6 h et nous sommes prêts une demi-heure plus tard pour une petite marche, avant de revenir ici pour déjeuner à 7 h. À 8 h, c’est le temps de l’entraînement physique, pendant 45 minutes. Ensuite au programme, jusqu’à 11 h 30 : combat à la
baïonnette, exercices de bataillon, etc. Nouvelle pause pour l’inspection par le commandant de compagnie, et, jusqu’à 16 h 30, c’est le temps des exercices et combats de compagnie et bataillon, etc. La dernière sonnerie retentit à 21 h 30 et l’extinction
des feux a lieu à 21 h 45. Nous sommes assez bien nourris. Ils ont manqué d’avoine l’autre jour, et le mélange était plutôt liquide. Au déjeuner, nous avons du gruau (parfois plutôt bon, mais ils oublient le sel et le sucre certains jours), du bacon,
du jambon ou des saucisses, du pain, de la margarine et du thé. Le midi, il y a de la viande, rôtie ou bouillie, des pommes de terre, certains jours du chou ou des pois, du pain, de la soupe ou thé, et du riz ou du tapioca. Le pouding ne goûte généralement
pas grand-chose. Au souper, on nous sert du hachis ou des figues et des pommes en ragoût, du pain, de la margarine, du thé. Certains soirs, nous avons du fromage, ou encore des pêches et des ananas en conserve, au lieu de jambon ou de hachis. Le seul
problème, c’est que nous ne mangeons généralement pas assez. Je ne sais pas ce que je mangerais si on avait du gruau à la maison, mais ça gâcherait certainement le [inconnu].
Manger dans les villes ici coûte très cher, sauf à un endroit, le « club des soldats de l'église d'Angleterre ». Là, ils vendent au prix coûtant, et l'on peut avoir un repas correct pour 10 sous ou un shilling. Partout ailleurs, cela coûte de deux à trois
shillings. Je vais très rarement en ville maintenant. Je préfère plutôt rester sur place et lire. Ils ont une bibliothèque au Y.M.C.A. Pour 6 sous, on peut emprunter un livre et l'échanger aussi souvent que le souhaite. J'ai lu « Elizabeth to the Dale
», quelques livres de W.W. Jacobs, [inconnu] et Jack London. Ils ont plus de trois cents livres au total.
J'ai reçu une lettre de Madame [inconnue] l'autre jour. Elle a dit que l'on m'envoyait dix-sept paires de chaussettes à distribuer. Je serai en mesure de fournir la moitié du peloton.
Je suppose que c'est le temps de labourer maintenant. J'ai reçu une lettre d'Ian aujourd'hui, il a dit qu'ils avaient une bonne récolte. J'espère que les pommes de terre seront bonnes. Certains des hommes du (régiment) Carlton ici ont eu des nouvelles
de chez eux disant que la récolte y était inférieure à la moyenne.
J'ai parlé avec Willard Hains ce soir. Il me semble un très gentil garçon. On a eu une vague (d’hommes) du 145e ici ce soir, il appartient à la même unité que Willie Watling. Ils sont à St. Mathis Plains. Clay Williston était ici en rentrant
chez lui, mais nous ne l'avons su qu'après son départ.
Bon je vais arrêter d’écrire, car il se fait tard. Ne travaillez pas trop fort.
Amour à tous, Archie