Transcription et traduction de la lettre entière.
Bramshott
12e hôp. gén. can.
18 nov. 1918
Ma chère mère,
Cela doit faire une semaine et quelques jours que je n’ai pas écrit. J’ai réussi à me lever et je suis à présent en état de gambader gaiement, bien que l’endroit où j’ai été opéré soit encore un peu douloureux. Hormis cela, je me sens bien et j'ai reçu
mes papiers canadiens, ce qui signifie que je vais quitter cet endroit et aller à l’hôpital à Liverpool pendant quelques jours, puis je rentrerai à la maison. Je suis absolument sûr d’être de retour dans environ un mois ou au moins avant Noël.
Ils commencent à renvoyer tout le monde à la maison à présent et des hommes de toutes les catégories rentrent en ce moment même, pour ceux qui ne l’ont pas déjà fait. Quoi qu’il en soit, un grand nombre de gars qui sont actuellement en Angleterre seront
chez eux pour Noël, c’est sûr.
Je suppose que lorsque vous recevrez ceci, je serai selon toute probabilité en chemin pour la maison et que certaines missives ne me parviendront probablement jamais, et sans doute, certaines personnes auront envoyé des colis de Noël à leurs gars, lesquels
seront sur le chemin du retour avant de les recevoir.
Je me suis plongé dans d’intenses réflexions ces derniers temps sur ce que je ferai à mon retour et je me demande si je trouverai du travail peu après mon arrivée dans l’industrie de l’imprimerie, car d’une part je ne souhaite pas rester inactif, mais
d’autre part je déteste l’idée de me réinstaller pour travailler, car le retour à la vie civile risque d’être difficile au début. S’il est une chose que je ne souhaite pas, c’est me rendre au bureau du Herald à mon retour, car je pense que l’entreprise
éprouvera des difficultés à me payer régulièrement et qu’il me faudra réclamer mon argent. J’ai l’intention de rester un peu à la maison, puis de rechercher directement un emploi.
Le temps a été plutôt froid et couvert ces derniers temps et je ne doute pas que le voyage du retour sera froid. Il ne devrait pas tarder, car l’hiver prend ses quartiers, j’aimerais pourtant que l’été soit à nos portes, mais nous n’avons pas le choix,
nous serons tous à la maison avant que les nombreux mois froids ne soient écoulés. Ce que j’en pense, c’est que si je ne reviens pas immédiatement à l’imprimerie, je devrais abandonner purement et simplement le domaine et il serait dommage que je commence
quelque chose d’autre, mis à part me lancer avec Tots, mais je ne sais pas si je souhaite rester dans le domaine agricole, sauf si je disposais de très bonnes raisons pour ce faire. Ces difficultés seront toutefois bientôt balayées lorsque je serai
de retour et pourrai voir les choses de moi-même.
Vraiment, j’ai du mal à croire que nous rentrions tous à la maison et il me semble n’avoir jamais rien été d’autre que soldat dans ma vie. Je n’ai rien d’autre de nouveau à raconter, mais j’essaierai de vous tenir informée de la date à laquelle je partirai
lorsqu’elle me sera connue de manière définitive et si je dispose de quelques sous pour envoyer un télégramme depuis Liverpool à notre départ. En espérant que cette lettre vous trouve en bonne santé. J’en resterai là en attendant de connaître bientôt
la date de mon départ.
Votre fils qui vous aime et vous embrasse tous,
Gordon
Je n’ai reçu aucune lettre depuis presque trois semaines.