Transcription (traduction) de l'extrait dactylographié entier.
Journal de guerre de George Hedley Kempling au sujet de l’offensive de la Somme
Le mardi 22 août 1916
Dans la baie où je me trouvais cet après-midi durant les bombardements habituels de 16 h ou de 17 h à 17 h 30, un boche a lancé un obus perforant qui a éclaté juste au-dessus du parapet. Des éclats d’obus se sont incrustés dans le sol près de nous. Trois
d’entre nous ont été projetés par la force de l’explosion et la moitié des hommes a été à demi enterrée dans la terre fraîchement remuée. Puis, alors que nous étions encore allongés, tentant de nous relever pour nous dépêcher de tourner le coin de la
traverse, un autre obus perforant a frappé une autre partie du parapet juste au-dessus de nous. Je n’avais encore jamais frôlé la mort de si près... C’était ma première fois à un poste d’écoute hier soir. C’est une tâche qui demande pas mal de témérité.
Dès que le soir s’assombrit un peu, la première relève grimpe au-dessus du parapet à un endroit choisi et rampe seule en face des tranchées jusqu’à l’atteinte du poste d’écoute. C’est simplement un point en face de nos tranchées parce que la relève sera
dissimulée. Il s’agit habituellement de buissons ou d’un quelconque vieux trou d’obus. Le poste d’écoute est utilisé pour surveiller de plus près les tranchées de l’ennemi allemand pour voir s’il ne s’active pas à envoyer un détachement de bombardement
ou une équipe de travail...
Le mardi 29 août 1916
Nous avons été surpris d’apprendre ce matin que, après une marche de trois jours, nous devions faire un exercice militaire avec notre attirail de route complet. Le camp d’entraînement est à quatre miles et demi, et il faut franchir quelques collines.
Eh bien, les hommes étaient fâchés, et ce n’est pas rien dans une armée canadienne, très différente d’une britannique. Puis, en chemin, il s’est mis à pleuvoir. Beaucoup d’hommes sont tombés en marchant vers le terrain d’entraînement parce que leurs
pieds ou leurs épaules étaient meurtris à cause de l’exercice, et d’autres par pur entêtement ou pour rejeter le blâme sur la décision. On nous avait promis du repos ce jour-là.
À notre arrivée, nous avons découvert que le terrain de manœuvres consistait en des champs de céréales en chaume. Juste au moment où les opérations commençaient, il s’est mis à pleuvoir pour de bon. Alors nous avons pratiqué les rangs ouverts, fonçant
par à-coups et tombant à plat rapidement dans la boue, puis nous relevant vite pour courir pendant quelques mètres avant de replonger derrière n’importe quel abri trouvé. Tout cela visait à nous entraîner pour les combats à découvert nous attendant sur
le champ de bataille de la Somme. Les Britanniques avancent lentement, et cela signifie beaucoup de combats corps à corps et à toute vapeur. Nous devions nous entraîner jusqu’à 16 h, mais il pleuvait si fort que nous sommes partis à 15 h. Sur le chemin
du retour, c’était plus que de la pluie : il tombait des cordes. Nous étions complètement trempés, et nos vêtements dégoulinaient...
Notre lieutenant (lieutenant-major) nous a dit que la tâche à accomplir à la bataille de la Somme serait sans doute dure et pénible. Pas de tranchées régulières, mais l’occupation pendant un bout de temps de cratères d’obus, de fossés ou de tout autre
endroit que nous pourrions trouver, alors nous nous attendons à vivre des moments intenses...