Transcription (traduction) d'extraits clés de l'article, axés sur des descriptions des camps.
LE GÉN. OTTER ANNONCE LES NOUVELLES DU JOUR SUR LES DISPOSITIONS CONCERNANT LES CAMPS D’INTERNEMENT
– Ce document est l’une des entrevues les plus approfondies jamais accordées par un des plus éminents soldats du Canada – Présentation des principaux camps de l’Ontario – Décision relative aux soins à fournir aux étrangers enregistrés à Port Arthur et
à Fort William.
Le général Otter... [est] un officier spécial chargé de l’internement des étrangers dans tout le Canada; il est ici pour prendre les dispositions nécessaires afin d’assurer les soins à 1 500 hommes et femmes de nationalité autrichienne, hongroise, allemande
et turque. Ces personnes ont été enregistrées à Port Arthur et à Fort William par des commis aux enregistrements spécialement désignés ces dernières semaines.
[…]
Le Daily News adresse au général la question suivante : « Comment les étrangers se sentent-ils face à l’enregistrement et aux dispositions entourant leur internement?
« Je n’ai pas été témoin ou entendu parler de ressentiment. Beaucoup d’entre eux sont plus ou moins indifférents. Il y a quelques cas isolés d’hostilité. Je me penche, entre autres, sur l’attitude des gens qui en ont fait preuve. » [Gén. Otter]
Le Daily News informe le général des incidents survenus la semaine précédente à Port Arthur : un navire à vapeur a été détruit près du silo du gouvernement canadien, vraisemblablement par un incendie criminel; la nuit suivante, un garde de la milice
a été atteint par un tir.
« Oui, c’est le genre de cas qui m’intéresse... Bien entendu, il est parfois difficile de savoir ce qu’ils entendent par leurs gestes. Le tireur voulait peut-être tuer la sentinelle, ou peut-être voulait-il tout simplement susciter la peur pour le plaisir.
»
Le général se lance alors dans l’explication des raisons du gouvernement de privilégier des sites isolés pour les principaux camps d’internement, comme ceux le long du trajet de transport du Nord (N.T.R.). Il invoque la nécessité d’éloigner les étrangers
le plus possible du grand public et de les emmener en des lieux où toute intention hostile ne pourrait être mise à exécution.
« Nous traiterons ces étrangers internés comme de véritables prisonniers de guerre... Nous sommes tenus de le faire en vertu de l’accord conclu à la Convention de La Haye. Ils devront travailler, mais nous les paierons, en plus de les nourrir et de les
loger. Le salaire sera cependant minime, environ vingt-cinq cents par jour, soit assez pour leur fournir le tabac. »
[…]
Le général Otter précise que l’utilisation des prisonniers de guerre pour la construction des routes n’était pas la première intention. « C’est un travail pour lequel ils rivaliseraient avec les travailleurs ordinaires... et nous n’avons pas l’intention
de faire une chose pareille. Le déblaiement du camp de Petawawa et des fermes expérimentales est un travail difficilement envisageable en temps normal. La raison principale pour les mettre à l’œuvre, c’est pour les tenir occupés et désamorcer la grogne.
»
[…]
Le général Otter a également expliqué au Daily News le système de gestion des camps d’internement : « En ce qui concerne les soins et la garde des prisonniers, le système militaire sera mis en place... Chaque camp sera sous la tutelle d’un commandant
ayant le grade de lieutenant-colonel ou de major. Les trois principaux services – le commissariat, l’infirmerie et la garde – seront militaires. Le travail sera dirigé par des contremaîtres, choisis non pas à titre de soldats, mais pour leur aptitude
à faire effectuer le travail à la satisfaction du gouvernement, conformément à son objectif d’utiliser les terres pour créer des fermes expérimentales. »
[…]
Les femmes démunies de nationalité étrangère ne doivent pas être laissées pour compte. Des dispositions spéciales seront prises dans les circonscriptions d’enregistrement à leur égard afin qu’elles ne se retrouvent pas entassées dans les grands camps
comme les hommes.