Transcription et traduction de la narration entière du major Reginald R. Laird.
[DÉBUT : 00:00]
Reginald Laird : Nous étions évidemment épiés par les défenseurs sur le rivage, nous ne pouvions pas les empêcher de nous surveiller. À l’époque, nous nous demandions pourquoi le silence radio nous était imposé alors que les Allemands faisaient
tout un vacarme.
Description visuelle : Reginald Laird s'adresse à la caméra dans un décor extérieur.
[TEMPS : 00:16]
R.L. : Alors que nous nous apprêtions à débarquer, nous avons constaté que la porte d’étrave de l’embarcation ne s’était pas complètement abaissée, faisant ainsi obstacle. Au lieu de mettre pied à terre, nous avons dû l’escalader. Jackie
Pearce a sauté avec moi et cela a été la dernière fois que je l’ai vu. Il est tombé au sol, atteint au moment même où il sautait. Puis, il fallait avancer quelques pas et essayer la mitraillette Sten. Mon pistolet-mitrailleur n’a pas fonctionné à la
première mise à feu ni à la deuxième. C’était une expérience bizarre que celle de se retrouver debout, exposé aux tirs de balles traçantes venant de toutes parts; de savoir qu’on vous tire dessus, que vous êtes une cible facile et que vous ne pouvez
rien y faire.
Description visuelle : À travers la fumée, on peut voir des soldats sauter d'une péniche de débarquement et courir sur la plage, se couchant sur leurs estomacs pour éviter le feu. Des hommes blessés et tués sont représentés sur la plage. Reginald Laird s'adresse à la caméra.
[TEMPS : 01:01]
R.L. : Finalement, la mitraillette Sten a été jetée et le revolver a été tiré. Aussi, je crois qu’une mitrailleuse a été grandement réduite au silence, mais les deux autres non.
Description visuelle : Reginald Laird s'adresse à la caméra.
[TEMPS : 01:15]
R.L. : C’est à peu près à ce moment-là, alors que j’avais remonté environ le tiers de la plage en direction du mur, que je suis tombé assis. J’avais été touché par des projectiles sur un côté, environ trois ou quatre fois. L’impact en soi ne m’a
pas fait mal, mais il m’a fait m’écrouler brutalement; je savais alors que j’avais été atteint et que j’étais probablement grièvement blessé. À partir de ce moment-là, j’ai essayé de me frayer un chemin jusqu’au mur en rampant. J’ai vu énormément d’hommes
se faire tirer, s’effondrer, puis se faire tirer à nouveau. Finalement, après avoir perdu connaissance deux ou trois fois, je me suis presque rendu au mur. Je ne sais pas combien de temps je suis resté évanoui. Je n’en ai pas la moindre idée.
Description visuelle : Reginald Laird s'adresse à la caméra. La caméra fait un panoramique sur des dizaines d'hommes morts ou blessés, toujours allongés sur la plage rocheuse et contre le mur de la plage.
[TEMPS : 02:04]
R.L. : Je me souviens d’un caporal des services de renseignement qui s’efforçait de faire monter un tireur d’élite dans la falaise. Il avait une grande balafre en dents de scie sur son visage; tout ce qui m’importait alors était de rapprocher
les bords de sa plaie, d’une manière ou d’une autre. Je lui ai demandé de ne pas bouger pendant que je soutenais d’une main l’arrière de sa tête et que de l’autre je lui tenais le front et la joue. Malheureusement, ce mouvement a été détecté par les
Allemands qui lui ont tiré une balle, entre mes doigts, faisant exploser l’arrière de sa tête.
Description visuelle : Reginald Laird s'adresse à la caméra. La plage parsemée de cadavres est montrée, alors que deux soldats se tiennent autour.
[FIN : 02:48]