Traduction et transcription de la coupure de presse entière.
LES CANADIENS AU COMBAT
« Dans ce combat long et amer, à présent auréolé de victoire, l’armée du Canada a joué un rôle crucial... Le temps est venu de dissoudre cette compagnie, superbe et brave, qui a formé la Première Armée canadienne... Je crois que l’avenir du Canada repose
entre les mains de ces soldats. Ce sera un glorieux avenir à condition qu’on leur donne l’occasion de présenter et de mettre en pratique en temps de paix les qualités admirables dont ils ont fait preuve durant la guerre. »
C’est ainsi que le général H.D.G. Crerar a dit « merci » à ses hommes. En quelques mots, le commandant de la Première Armée canadienne a exprimé son immense fierté et la profonde affection qu’il portait à ses troupes. Par sa modestie, ce message révèle
davantage la nature et la qualité du commandement du général Crerar. Aucun autre soldat n’a servi sa nation et les hommes au combat avec davantage de compétence, de diligence et de sagesse, ni combattu avec les soldats pour une plus grande gloire.
Les Canadiens ne doivent pas afficher la même retenue dans leurs remerciements au général Crerar et à son « équipe ». Il n’est nulle raison de dissimuler la fierté que leurs actes héroïques ont instillée en chacun de nous. Ils ont en effet joué un « rôle
crucial » dans cette superbe victoire. Ils ont combattu et égalé les exploits des héros d’antan, luttant pour la liberté. Durant la majeure partie de la guerre, ils se sont battus aux côtés de la fine fleur des troupes américaines et britanniques et,
selon les mots de leur commandant, « ils ne se sont jamais économisés » ni n'ont failli à accomplir les tâches qui leur ont été confiées, « aussi ardues aient-elles été ».
Si leur entrain à l’occasion de la fin triomphale de la guerre peut sembler « léger » à nous qui sommes restés ici, nous pouvons réfléchir à la cause de leur modération. La fin de la guerre n’a pas constitué une surprise exceptionnelle pour nos troupes.
Ils la pressentaient depuis plusieurs jours, voire plusieurs semaines, compte tenu de la désintégration rapide, presque pathétique, des troupes ennemies. Il n’est nul besoin de leur décrire la terrible tyrannie qu’ils ont jetée à bas. Ils l’ont connue
dans toute sa malveillance et se sont frayé un chemin dans un océan de sang et de mort pour la vaincre. Ils ont vu leurs amis et camarades, de jeunes Canadiens travaillant auparavant dans les bureaux, les usines, les boutiques, les fermes et les écoles,
tout comme eux, consentir le sacrifice suprême pour la liberté qu’ils vont retrouver. Leur rôle a été de semer afin que nous puissions récolter.
C’est en gardant à l’esprit ces tristes réalités indissociables de la victoire que le général Crerar, en harmonie avec l’humeur et l’esprit de ses hommes, s’est exprimé avec tant d’émotion au sujet de leur avenir. Ils possèdent « des qualités remarquables
(pour) la construction d’un grand pays ». Nul homme n’a davantage donné « pour assurer l’existence et l’épanouissement de la démocratie dans le monde ». C’est à son développement au Canada que leur commandant les presse de consacrer « les qualités admirables
dont ils ont fait preuve durant la guerre ». Ce qu’il demande, en leur nom, c’est seulement que le Canada « leur donne l’occasion de présenter et de mettre en pratique » ces qualités au service de la croissance libérée de notre destin national. Que l’esprit
de nos célébrations soit authentique et que nos remerciements soient sincères, c’est le moins que nous puissions faire.