SE PRÉPARER AU COMBAT
La crête de Vimy semblait imprenable. Les Allemands avaient érigé trois lignes défensives de tranchées principales protégées par du fil barbelé fermement fixé et truffées de bunkers de béton contenant des mitrailleuses. Les tranchées menaient à des abris
profondément enterrés et à des tunnels où les Allemands pouvaient s’abriter des bombardements d’artillerie et jaillir pour repousser toute attaque. Le Corps canadien était commandé par le lieutenant général sir Julian Byng, dont le plan consistait en
un assaut généralisé des quatre divisions d’infanterie canadiennes sur la crête tout entière, une situation unique pendant cette guerre. Cette opération comprenait plusieurs étapes, lesquelles correspondaient aux objectifs fixés à chacune des divisions.
Après la conquête de chaque objectif, des forces fraîches devaient intervenir afin de prendre la tête de la charge pour atteindre l’objectif suivant. Finalement, une position dominante juste au nord de Vimy, nommée « le Bourgeon », devait être prise
d’assaut le jour suivant, avec la 24e division britannique en soutien au nord-est immédiat de la zone.
Sir Julian Byng avait préparé le Corps dans les moindres détails. Une immense réplique de la bataille prévue avait été construite à l’intérieur des lignes canadiennes, là où les troupes s’entraînaient à l’assaut à venir. Afin de guider l’offensive, les
hommes avaient été entièrement avisés des nombreux aspects topographiques et les défenses ennemies auxquels ils allaient être confrontés lors de leur avancée sur la crête. Pour la première fois, les soldats ont reçu des cartes précises montrant leur
trajet. Avant leur attaque, les Canadiens s’abritaient dans des « voies de métro » profondément enterrées et dans des salles reliées entre elles par des tunnels grâce auxquels les hommes pouvaient se rendre à leurs points de regroupement et de départ
dans une sécurité relative. Ces tunnels disposaient d’un éclairage électrique et de lignes de téléphone. Ils servaient également de quartiers généraux ainsi que de voies d’acheminement de ravitaillement et d’évacuation des blessés. À l’arrière des lignes
canadiennes, les routes existantes étaient soigneusement entretenues et d’autres avaient été construites afin de permettre un ravitaillement et des évacuations rapides des victimes. Trente kilomètres de chemin de fer secondaire ont été posés dans le
même but, ainsi que plus de 30 kilomètres de câble de signal et 100 kilomètres de câbles téléphoniques. Ce niveau de préparation était une première pour le Corps canadien.
Durant les deux semaines précédant l’assaut, les artilleries britanniques et canadiennes ont bombardé sans répit les positions allemandes, sur la crête et au-delà. La crête de Vimy a été pulvérisée et jonchée de cratères par environ 1 100 armes à feu
de tous les calibres tirant plus d’un million de munitions sur les positions ennemies. Les Allemands évoquent cette période sous le nom de « semaine de la souffrance ». Les Canadiens se sont montrés particulièrement efficaces à neutraliser l’artillerie
allemande avant et pendant l’assaut, repérant et détruisant jusqu’à 80 % de l’artillerie allemande à portée du champ de bataille.